Digitalisation du travail et de la formation, vers une « destruction créatrice » ?
Les webinars et les formations à distance sont parfois un peu longues ? Ce mois-ci, notre propos porte sur l’usage du numérique au travail et en formation, et le rapport des individus avec ce dernier. Nous avons nourri nos réflexions grâce à deux articles que nous vous livrons ici, pour vous permettre d’étoffer les vôtres.
Bonne lecture et au mois prochain !
Entre autonomie et dépendance
Hannah Arendt écrivait en 1961 sur la condition de l’Homme moderne en tant que « membre d’un ensemble qui le dépasse ». L’avènement technologique et la massification des TICE illustrent ce paradoxe du progrès, dans lequel les individus oscillent entre une certaine liberté que le digital leur confère, et une forme de dépendance, à laquelle ils peuvent difficilement échapper.
La digitalisation du travail, massifiée au sortir de la crise sanitaire amène à réfléchir au rapport que les individus entretiennent avec leur travail. En effet, outre les écarts générationnels et sociaux qui peuvent générer des différences entre les pratiques professionnelles de chacun, elle serait responsable de destruction d’emplois pour certains, et vectrices d’opportunités pour d’autres. Du côté des entreprises, les bénéfices sont nets et cités par les organisations elles-mêmes. Les outils internes à usage universel permettent au client une accessibilité à tout moment. Ils sont aussi un gain de temps et un support, tant pour le client que pour le salarié. Enfin, le recours à la digitalisation en entreprise permet d’étendre son activité à l’externe et de gagner en autonomie.
Les nouvelles technologies ont contribué à faire évoluer les organisations, qui procèdent à de profonds changements de représentation, de production, de management, voire de culture. Pour autant, cette « mise à niveau » constitue un bénéfice paradoxal, car si l’alignement technologique existe pour s’adapter aux nouvelles pratiques professionnelles, elle creuse dans le même temps un fossé du côté des pratiques sociales.
Du côté de la formation
Dans un contexte social et professionnel où l’individu tend vers une autogestion de ses actes et où les responsabilités individuelles sont fortement promues, la formation des personnes est un réel terrain de réflexion, où idéologies technophile et technophobe s’affrontent. L’explosion de l’offre de formations à distance et l’innovation en matière d’outils ont fait naître chez les professionnels une « ingénierie de l’urgence » qui se traduit par le simple transfert d’un cours ou d’une formation en visioconférence par exemple. Pourtant, cette pratique nécessite un vrai travail de conception et de professionnalisme en amont de la part des ingénieurs de formation, qui mobilisent leurs savoir-faire au service de la transposition digitale et des stagiaires. En effet, cette conception se fait au niveau de l’ingénierie des dispositifs, de l’ingénierie pédagogique et de l’ingénierie des environnements informatiques pour l’apprentissage humain (EIAH).
Si la formation à distance permet au plus grand nombre d’y avoir accès, et que le recours au numérique en situation de formation sont la résultante d’une innovation certaine, il n’en demeure pas moins que ce phénomène soulève des paradoxes et problématiques parfois inextricables. La digitalisation de la formation et plus globalement du travail est un phénomène auquel les individus recourent souvent sans en mesurer l’objectif, voire y sont contraints. Il demeure donc difficile de pouvoir trancher sur la pertinence de son usage, même outillé et qualifié.
Pour aller plus loin :
https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2018-2-page-143.htm
L’équipe d’Aladé Conseils