Vers une définition de l’Intelligence Artificielle…
Si la recherche en intelligence artificielle (IA) est particulièrement active depuis une soixantaine d’année, l’arrivée de type IA conversationnelle a ravivé les questionnements éthiques et technologiques au niveau de la scène sociale. Pour certains, il s’agit d’une révolution teintée de progrès et de productivité. Pour d’autres, c’est une mise en cause des pratiques sociales et a fortiori, des pratiques professionnelles et de la situation du marché de l’emploi. Nous pouvons donc nous demander, pour aller plus loin, l’impact que ce type d’IA peut avoir sur la formation et le développement des compétences des individus.
Tout d’abord, l’intelligence artificielle désigne la façon dont les machines raisonnent. Cette dernière est ainsi définie pour la distinguer du fonctionnement de l’intelligence proprement humaine. De cette façon, nous pouvons nous décharger de tâches que nous ne pouvons faire ou à défaut, auxquelles nous sommes contraints. Dans la sphère de la recherche, la réticence générale de la majeure partie de la population (65% pour de la population française en 2018) tient au fait que la naissance des outils les plus récents tels que ChatGPT, affecte davantage les métiers intellectuels et en particulier les métiers de l’écriture. De ce point de vue, il nous paraît pertinent de nous interroger sur la portée de son usage au niveau des pratiques scripturales et plus largement, sur les habitus professionnels au cœur desquels se croisent la gestion des ressources humaines, et la formalisation de documents écrits et intellectuels. En effet, il s’agit de comprendre les situations complexes que le monde professionnel recouvre, modéliser et déceler les schèmes mentaux pour cartographier d’éventuelles situations et professions, qui seront forcément impactées par l’introduction d’un outil, faisant « à la place de », sous couvert de « faire pour ». L’analyse de textes que ChatGPT peut fournir se heurte à tout ce qui fait qu’un humain est ce qu’il est : le langage n’a pas la même portée en fonction de l’émetteur et du contexte dans lequel il s’exprime. D’un point de vue technique, nous avons tenté de comprendre ce qu’un tel outil apporterait aux pratiques professionnelles en ressources humaines et en formation.
Chat GPT et son usage en formation et en ressources humaines
Du côté RH, Chat GPT faciliterait la visualisation des compétences d’une entreprise, en outillant les prises de décisions. Les responsables pourraient anticiper leur positionnement stratégique d’embauche, en analysant les écarts de compétences et les besoins de formation.
Du côté de la formation, son emploi pourrait être pertinent afin de générer du contenu de formation adapté à la situation de l’entreprise, ou de l’organisme de formation. Elle pourrait par exemple créer une banque de contenus pédagogiques et de formations individualisés, en fonction d’un recueil en amont, lui aussi généré par le même outil. Plus récemment, une enquêté menée auprès de récents organismes de formation relate l’usage de Chat GPT dans la formalisation des documents utiles pour préparer l’audit qualité Qualiopi, process qui peut paraître lourd et indigeste pour de nouvelles recrues sur le secteur de la formation professionnelle. Bien que l’IA permette dans ce cas de figure de gagner un temps qui peut être mobilisé pour la création pédagogique, il est à noter qu’elle met en péril la notion de réflexion humaine et il nous semble, à l’évidence, difficile pour un outil de s’adapter à des besoins spécifiques, parfois inconscients chez les individus. Nous le comprenons à travers ces exemples, un tel recours à l’IA permet de gagner en temps et donc, en productivité. Or, il est nécessaire de réfléchir quant à la pertinence de son usage : quel avenir traduit le recours à l’IA à travers « l’allégement » des tâches répétitives ?
A l’heure où certaines IA sont personnalisées et caractérisées tels des humains pourvu de sentiments de l’autre côté du globe (« bienveillants », « sympathiques »), n’assistons-nous pas à un appauvrissement de l’activité humaine au travail ? L’exemple précis de l’usage de Chat GPT pour rédiger des contenus de formations illustre le potentiel danger, du moins dérive, vers lesquels nous allons : un remplacement de l’humain, déguisé par un « allégement » de ses tâches quotidiennes. Pour prolonger la réflexion, nous vous proposons un article interrogeant l’usage de l’intelligence artificielle dans la sphère professionnelle.
https://www.cairn.info/les-mutations-du-travail–9782348037498-page-23.htm#no1
Bonne lecture, à dans un mois,
L’équipe d’Aladé Conseils